Dégagez le tiroir!



À chaque réunion de famille, j’ai l’impression de vivre Le jour de la marmotte, vous savez le film avec Bill Murray. Pour ceux qui n’ont jamais visionné ce film, eh bien, c’est l’histoire d’un annonceur météo prétentieux qui, après un reportage, se retrouve coincé par un blizzard l’obligeant à passer la nuit sur les lieux. À chaque fois que le réveil sonne, la même journée recommence comme une boucle sans fin. Vous voyez un peu le topo? Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais dans ces rassemblements familiaux, il y a toujours quelqu’un qui ne manque pas de nous rappeler les bêtises qu’on a fait étant jeune : la même histoire répétée inlassablement. Je ne vous raconterai pas la mienne car elle est sans intérêt voire des plus banales. Néanmoins, je me suis interrogée sur le pourquoi de la tendance de certaines personnes à buter sur un événement du passé comme si celui-ci n’avait pas été digéré - toujours là au bord des lèvres, prêt à sortir comme une nausée persistante qui ne se décide pas à balancer le tout par-dessus bord et ainsi purger le corps définitivement. En clair, plus souvent qu’autrement, cet événement refait surface sans pour autant être réglé.
En premier lieu, je me suis demandée d’où provenait cet entêtement à retourner dans le passé et à toujours vouloir déterrer ce même vieux squelette. Deuxièmement, je cherchais à comprendre le message sous-entendu derrière cette évocation de souvenirs. Finalement, je finissais par m’isoler pour éviter d’entendre pour la énième fois cette vieille anecdote dont seuls ceux, qui la racontent, semblent retirer un certain plaisir. À la longue, j’aurais pu me lasser dans mes tentatives pour comprendre l’opiniâtreté du genre humain à rester accroché au passé, mais j’en ai eu plus qu’assez ; j’ai pris le taureau par les cornes car je voulais des réponses. Et c’est à partir de ce moment qu’une image prit forme dans mon esprit, celle d’un tiroir qui ne ferme pas…

Qu’est-ce qui se passe quand un tiroir ne ferme pas?

• Soit on pousse jusqu’à ce qu’il ferme;
• Soit on pousse au risque de le briser;
• Soit on pousse au risque de se blesser;
• Soit on retire ce qui le gêne pour le refermer adéquatement.

Inutile de forcer le mécanisme, il suffit de quelques secondes pour inspecter le tiroir et le dégager de toute entrave… c’est tout! Aussi simple que cela puisse paraître, le procédé semble plus compliqué à adopter non pas dans le geste mais dans la volonté de passer à l’action, c’est-à-dire débloquer enfin le fichu tiroir!

En ce qui concerne les bêtises de jeunesse, ce ne sont pas ces vétilles qui dérangent mais les émotions non réglées du passé qui y sont associées telles que la colère, la frustration, l’inquiétude, la révolte, le chagrin, etc. Donc, ce que les gens ont retenu du passé, ce n’est ni le contexte, ni les tiraillements intérieurs qu’ils ont vécus mais plutôt l'événement insignifiant; en d’autres mots, un souvenir parmi tant d’autres!

En cherchant des réponses, j’ai compris une chose : cette obstination ne relève pas du simple acharnement mais du fait que, en général, les gens ne prennent pas le temps de vider leur tiroir pour voir ce qui bute à mi-chemin et tentent bon gré mal gré de le refermer quand même. Si l'on souhaite en finir une bonne fois avec cette litanie surexploitée, il va falloir s’assoir avec la ou les personnes concernées, ouvrir le tiroir, regarder ce qui cloche, ôter ce qui fait obstacle et refermer ensemble ce tiroir à mauvais souvenirs.

Quand l’émotion se cramponne à un événement, définissez l’émotion qui vous habite et acceptez-la. Ensuite, passez à autre chose; il y a des histoires qui méritent qu’on s’en souvienne et d’autres qu’il vaudrait mieux laisser tomber…

Rester buté ou avancer - il n’y a que deux options possibles; à vous de choisir!

Mésange

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