Une contribution volontaire

Il y eut une époque où l’entraide et la compassion faisaient partie des valeurs qui étaient transmises d’une génération à l’autre. Nombreux étaient-ils à savoir que seul on ne venait pas à bout de la misère et qu’ensemble on pouvait faire plus et mieux. Dans un passé encore jeune, les gens vivaient dans un contexte de solidarité, car face à la guerre, à l’adversité et aux épreuves, l’appui du prochain comptait pour beaucoup. C’était hier, c’était avant…

Nul doute qu’il reste encore des reliquats de cette cohésion entre individus, il suffit de savoir où chercher et où les trouver. Sans être antiquaire, il est possible de les dénicher. Parfois ils sont bien dissimulés sous une couche de poussière, parfois ils dorment dans de vieux greniers. La notion d’entraide est sans conteste bien vivante, un peu défraîchie cependant, car trop longtemps négligée. Quand tout va bien, n’est-il pas vrai qu’on n’a point besoin des autres?

Les temps de nos jours, loin d’être durs, sont tout simplement incertains : on a des dirigeants empâtés dans une belle croûte, une économie affaiblie, un commerce timide, une caisse d’épargne presque vide, bref, une période difficile à passer. On craint pour l’avenir et ça se comprend. Néanmoins, c’est insuffisant pour avoir envie de se serrer les coudes, de se préoccuper des autres et de se dévouer pour autrui. L’infortune ne nous guette pas, du moins pas encore.

Pourquoi agir seulement en temps de crise? Moi, je n’ai aucune envie d’attendre que le malheur s’abatte sur moi pour prendre conscience de la présence de mon prochain et lui réclamer son aide, ni pour regarder la corde de la détresse s’enrouler autour de son cou pour lui offrir mon soutien. Je suis persuadée que nos semblables méritent toute notre attention, notre gentillesse, notre dévouement, et ce, peu importe la particularité de l’époque dans laquelle nous vivons, car tout bien réfléchi, si on ne leur donne pas de notre temps, de notre affection et de notre amitié, à quoi nous sert toute cette bienveillance? Pour nous-même? Il n’en est rien! C’est en aidant les autres qu’on se rend service; c’est en aimant nos semblables qu’on accepte ses propres faiblesses; c’est en leur donnant du temps qu’on donne un sens à sa vie. Je vous le dis bien sincèrement, faire preuve de prodigalité envers quiconque vous apportera beaucoup; les difficultés, les soucis et les travers de la vie vous paraîtront dérisoires à côté de ces instants de joie.

Voyez-vous, si les anciens réussissaient à passer au travers de cataclysmes, de fléaux et de tragédies terribles c’était parce qu’ils se voyaient tous égaux dans leur souffrance. Aucune supériorité, nul envie, ni rivalité. Dans l’entraide, ils ne regardaient pas la dépense : ils donnaient d’eux-mêmes en y consacrant le temps nécessaire. Ensemble, ils venaient à bout de tout!

Lors d’un récent voyage de deux jours, j’ai vu la générosité prendre différentes formes. Tout d’abord à Cap-Santé, un paroissien m’a accordé du temps pour me raconter l’histoire d’une église et me guider à travers celle-ci. Je suis sûre qu’il avait un tas d’obligations, mais pour un moment il les a délaissées pour répondre à mes questions et plus encore, pour devancer mes interrogations futures. Cet homme m’a donné plus que du temps; il m’a offert son savoir, ses souvenirs et sa gentillesse, l’espace de quelques heures. Par la suite à Québec, on est arrivé sur un site quelques minutes avant l’heure de fermeture. De toute évidence, il était trop tard pour une visite guidée, mais grâce à l’amabilité d’une jeune personne, on a pu faire le tour du musée à ciel ouvert, et ce, sans frais. Elle aussi a donné de son temps, de ses connaissances, de sa culture non pressée de retourner chez elle malgré une rude journée de travail. Loin d’être bâclée, cette visite fut très agréable. Vous en conviendrez, après de telles manifestations de générosité, le seul sentiment qui peut nous habiter, c’est la reconnaissance.

À la lumière de ce qui précède, est-il possible d’être généreux, nous aussi, de notre temps, de notre talent, de notre vécu, de notre savoir, de notre bienveillance? Sûrement.

En terminant, rappelez-vous ceci : la plus grande richesse c’est non pas d’avoir du temps pour soi, mais du temps à donner.

Mésange

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pourquoi garder le silence si vos mots peuvent construire, embellir et aussi changer le monde? Exprimez-vous!