Des blessures dissimulées...

Samedi matin, le soleil était au rendez-vous et comme le temps était trop beau pour rester à l’intérieur et j’ai donc succombé à l’envie d’aller marcher à la campagne. Quelques nuages pommelaient cet exceptionnel ciel bleu faisant disparaître de temps à autre cette lumière trop vive.
 
La circulation était dense comme un jour de semaine car les conducteurs avaient substitué leur conduite expérimentée par une attitude plus décontractée. Mais pour moi relax ne signifie pas irrespectueux. Tout le monde agissait comme si le savoir-vivre avait été oublié à la maison : les priorités au virage n’étaient plus une priorité, la tolérance était postillonnée au-delà des vitres baissées et la patience s’exprimait par de brusques coups de volant et de klaxon. Sortir le week-end et rester en vie tenaient du miracle! Alors j’ai pris ma patience à deux mains (dans l’unique but de la préserver) et je me suis rendue à la campagne le cœur quasi léger et les mains presque détendues sur le volant. Ouf!
 
Durant cet épisode, je me suis soudain rappelée mes leçons de conduite automobile. L’instructeur avait souligné que la conduite serait tellement plus simple si, sur le toit de chaque véhicule, il y avait une enseigne lumineuse mentionnant l’état émotionnel de chaque conducteur. Imaginons par exemple une voiture avec sur le toit l’écriteau suivant : accablé par la perte de son emploi, anéantie par la disparition d’une amie, brisé par la maladie, expulsé de son logement, exploitée par son patron, négligé par sa femme, ignorée par son fils ou réprimé par ses parents, cela changerait notre façon de conduire n’est-ce pas? On serait d’autant plus tolérant sur la route si on savait pourquoi le conducteur ne démarre pas tout de suite au feu vert, pourquoi il a freiné à la dernière minute, pourquoi il a changé de voie sans le signaler, pourquoi il était si pressé ou au contraire, pourquoi il s’est attardé sur la route, etc. Malheureusement, on ne le sait pas! Par contre, on peut tenter de deviner la douleur, les impatiences, les blessures qui font mal et qui modifient la façon de conduire de chacun d’entre nous et ainsi faire preuve d’un peu plus d’indulgence.
 
Dans la vie de tous les jours, personne n’affiche ouvertement ses blessures, au contraire on tente de les protéger comme un bras blessé. Et comme on ignore ce que l’autre vit, on peut par un simple un commentaire, une farce désobligeante ou un regard en biais, raviver une vieille blessure. Par inadvertance ou maladresse, on fait du tort parce qu’on n’a aucune idée de l’étendue des dégâts internes…
 
Loin de moi l’idée de vous restreindre à vous exprimer en toute liberté mais j’aimerais plutôt attirer votre attention sur les souffrances humaines, et croyez-moi elles sont nombreuses. La prochaine fois que vous croiserez quelqu’un, imaginez un instant qu’il a été renversé par une voiture, automatiquement votre attitude changera et vous agirez avec douceur et compassion. Vous verrez alors que toute la beauté humaine réside dans sa fragilité.
 
Imaginez le pire et vous agirez au mieux!
 
Mésange

10 commentaires:

  1. Voici un excellent conseil à tous les automobilistes, Mésange. Puissiez-vous être entendue! J'ajouterais qu'on peut aussi trouver une grande satisfaction à s'arrêter pour laisser traverser un piéton qui vous remerciera toujours d'un aimable sourire, etc... Le savoir-vivre rend heureux deux personnes : celle qui le pratique et celle qui en est l'objet. Je vous souhaite une belle fin de semaine.

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    1. Chère Anne, comme j'aimerais être "entendue"!!! Malheureusement, la voix d'une mésange ne porte pas bien loin! J'ose croire que l'humain est assez intelligent pour être "indulgent"! ;-)

      Et j'abonde dans le même sens... Oui le savoir-vivre fait plaisir à deux personnes. Donc, il est hors de question que je me prive de ce petit bonheur et vous?

      Chère Anne, merci pour cet ajout très pertinent! xxoo
      Bonne et douce soirée!

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  2. Chère Mésange
    Ton billet est très important et nous rappelle ce qu'est la véritable compassion, cet instructeur était un sage. Désormais en prenant la voiture, grâce au pouvoir des mots et des images, je ne serai pas tout à fait le même.
    Merci de cette belle réflexion.
    Amitié

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    1. Vous avez parfaitement raison: cet homme était un sage. Aux yeux des siens, il était peut-être un homme tout à fait ordinaire, rarement écouté, souvent ignoré. Mais la richesse de ses paroles fait qu'aujourd'hui encore je me souvienne de son "enseignement"... La vie nous donne des cadeaux insoupçonnés sous des formes incongrues... Seront-nous assez "éveillés" pour les remarquer et s'en servir? J'ose le croire...

      Merci Yanis pour votre agréable visite et surtout pour avoir soulevé un point important: la compassion.

      Bonne soirée mon ami.

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  3. un billet plein de sagesse...à appliquer dans la vie courante et non seulement en voiture (je ne conduis pas !)
    j'emporte cette façon de voir les autres comme des humains avec leurs "accidents" de parcours.
    bonne soirée mésange je t'embrasse.

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    1. Tout à fait, ma belle Josette! À appliquer dans la vie courante - offrir de l'aide, retenir une porte, laisser son siège à une personne, etc. Le savoir-vivre devrait revenir "à la mode" comme ça tout le monde l'utiliserait!

      Merci de me rappeler l'importance d'être indulgent peu importe quand, peu importe avec qui et peu importe l'endroit! Bonne soirée à toi aussi Josette.

      Tendresses tout plein.

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  4. Bonsoir Mésange. Comme tu es sage... Comme tu es généreuse... Il est si important de chercher à comprendre les autres et à expliquer leurs gestes qui parfois nous surprennent... Oui, on peut blesser sans le vouloir et c'est triste.
    Tu nous donnes de bons conseils et j'espère que nombreux seront ceux qui les liront et les mettront en pratique.

    Au début j'ai souri en lisant ce que ton instructeur suggérait et je vais t'expliquer pourquoi. Je ne suis pas une bonne conductrice car je manque d'assurance, suis hésitante et, par manque de confiance en moi, je fais parfois des bêtises lorsque je ne connais pas l'endroit où je me déplace (le pire étant en ville). J'ai alors souvent rêvé d'afficher sur la vitre arrière de ma voiture : "Soyez patient je cherche ma route"... et autres petites indications qui annonceraient et pardonneraient mes erreurs et autres hésitations...

    Je t'embrasse bien fort petite Mésange et je te souhaite une très belle soirée.

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    1. Chère Oxy, je ne suis pas sage du tout !!! Mais j'y travaille très fort! ;-) Un jour peut-être...

      Les gens ont, au fond, de bonnes intentions mais sont très maladroits... c'est ce qui explique les blessures de l'âme.

      En te lisant je me suis reconnue! Les longs trajets ça me convient tout à fait mais les sorties en ville, ouf, pitié, sortez-moi de ce labyrinthe une bonne fois pour toutes. Je trouve qu'il y a trop de choses à surveiller (les bus, les voitures, les piétons, les cyclistes) que je perds en cours de route le "plaisir" de conduire. Mais si j'évite par tous les moyens de m'y rendre, jamais je ne deviendrai une "bonne" conductrice en ville. J'aime l'idée du carton! Vite dépêche-toi à la faire breveter - c'est idée vaut de l'or!!!

      Je t'embrasse mon amie et merci pour cet adorable partage! Bonne soirée xxooox

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  5. J'aime bien votre texte. Nous sommes tous très forts de nos fragilités. Je ne m'énerve jamais au volant car je pense que je suis loin d'être la meilleure conductrice du monde. Et c'est pour tout pareil.

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    1. Merci Bonheur du Jour!

      "Forts de nos fragilités" quelle belle vérité! Et une autre "belle vérité" que vous nous offrez c'est de ne pas se croire supérieur aux autres afin d'être plus près de l'humain et ainsi se comporter comme tel!

      Merci pour tout xxooo

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